copertina poesia Aurelia Lassaque

Sei poesie di Aurélia Lassaque tradotte dal francese da Daniela Pescatori, dalla raccolta Pour que chantent les salamandres (Editions Bruno Doucey, 2013).

Una casa di pietra… 

Una casa in pietra, le tende di lino colorate da fili di luce e polvere.
L'oceano, sino all'orizzonte, guarda dalla finestra.
Dentro casa, una donna ancora vergine; i suoi capelli cinerei stuzzicati dal vento d'altomare
danzano con la sera.
Sul tavolo, il vecchio corredo ben piegato chiama il suo sguardo mentre gli uccelli notturni si mettono a cantare.


Une maison de pierre…

Une maison de pierre et des rideaux de lin colorés par la lumière et la poussière mêlées.
L’océan, jusqu’à l’horizon, regarde par la fenêtre.
Dans la maison, une femme encore vierge; ses cheveux de cendre que taquine le vent de la haute mer
dansent avec le soir.
Sur la table, son vieux trousseau bien plié attire son regard quand les oiseaux de nuit se mettent à chanter.




E non ti voltare

Hai preso il sentiero del paese notturno.
Là il deserto è di ghiaccio
E le stelle si annoiano.
Apri le tue braccia e scava,
La polvere sarà il tuo pane,
Berrai le nostre lacrime.
Vai, vai e non ti voltare.
Se senti urlare la pietra,
E' perché vi incidono le lettere del tuo nome.


Et ne retourne pas

Tu as pris le chemin du pays de nuit.
Le désert y est de gel
Et les étoiles s’ennuient.
Ouvre tes bras et creuse,
La poussière sera ton pain,
Tu t’abreuveras de nos larmes.
Vas, vas et ne te retourne pas.
Si tu entends hurler la pierre,
C’est qu’on y grave les lettres de ton nom.




Apocalisse

Il cielo, quella notte,
Aveva inghiottito la luna.
L'uomo stava amando
Il corpo di sua moglie.
Un bambino giocava con la palla
Contro il muro.
Solo la vecchia
E il cane
Avevano capito
Quella notte
Che la fine era vicina

Restarono in silenzio.


Apocalypse

Le ciel, cette nuit-là,
Avait avalé la lune.
L’homme aimait
Le corps de sa femme.
L’enfant jouait à la balle
Contre le mur.
Seuls la vieille
Et le chien
Avaient compris
Cette nuit-là
Que la fin était proche.

Leurs bouches sont demeurées closes.




Il tempo si è perduto…

Il tempo si è perduto
Nel sentiero dell'aria
Là, uccello senza corpo,
Un volto di ragazza
Si alza in volo.
Una perla nera, dai suoi occhi
Fugge verso il cielo di Icaro.
È figlia del nulla
Che le lasciò in eredità
Un frammento di notte senza luna
Sulle labbra.
Non toccherà mai la terra,
Non conoscerà mai la pietra,
Né gli alberi,
Né l'acqua che li spaventa.
Ha sposato un'illusione
Che si è perduta nel vento.


Le temps s’est perdu…

Le temps s’est perdu
Dans les chemins de l’air
Où, oiseau sans corps,
Un visage de jeune fille
Prend son envol.
Une perle noire dans ses yeux
S’échappe vers le ciel d’Icare.
Elle est fille du néant
Qui lui laissa en héritage
Un bout de nuit sans lune
Sur les lèvres.
Jamais elle ne touchera terre,
Jamais elle ne tutoiera la pierre,
Ni les arbres
Et l’eau qui les affole.
Elle a épousé une chimère
Qui s’est perdue dans le vent.




Delitto

La persiana sbatteva
Contro il muro
Lei era sola
Dentro casa
Nella sua camera
A vegliare la salma.
Sola con lei
La paura
E i giocattoli
Sparsi per terra.
Pensò di vegliarla
Fino all'alba
E poi fare una tomba
In cui seppellire
La lucertola che aveva ucciso.


Crime

La persienne battait
Contre le mur
Elle était seule
Au dedans de la maison
Pour veiller près du mort
Dans sa chambre à elle.
Seule avec lui
Et sa peur
Et ses jouets
Répandus sur le sol.
Elle songea qu’elle le veillerait
Jusqu’à l’aube
Puis lui ferait une tombe
Et un enterrement,
A ce lézard qu’elle avait tué.




All’ora del solstizio…

All'ora del solstizio
Il popolo vestito di legno
Attira tra i suoi rami
Uccelli senza volto.

Il ruscello ramingo
Trasporta alle rive
Ricordi di neve.

Gli alberi della mia foresta
Si sono arrossati il primo giorno d'estate.

Gli uomini della città
Hanno detto che è ruggine
E che giunge dal Giappone.

Ma loro non sanno
Che gli alberi in questa conca
Nel segreto delle radici
Accarezzano rocce vive
Che cominciano a sognare
Che il vento e la pioggia
Le prenderanno nude sulla creta.
All'ora del solstizio.


A l’heure du solstice…

A l’heure du solstice
Le peuple vêtu de bois
Attire dans sa ramure
Des oiseaux sans visage.

Le ruisseau vagabond
Charrie jusqu’aux rivages
Ses souvenirs de neige.

Les arbres de ma forêt
Ont rougi au premier jour de l’été.

Les hommes de la ville
Ont dit que c’est la rouille
Et qu’elle vient du Japon.

Mais eux ne savent pas
Que les arbres de cette combe
Dans le secret de leurs racines
Caressent des pierres vives
Qui se prennent à rêver
Que le vent et la pluie
Les prendront nues sur la glaise,
A l’heure du solstice.




Foto di Rosapia Araneo

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